Dans une contrée lointaine située en Médie vivait une princesse prénommée Amytis. Elle aimait par-dessus tout ses montagnes verdoyantes et ses plaines exaltant des effluves de rose et de jasmin.

Promise au roi Nabuchodonosor II, elle dut quitter sa région natale pour aller régner sur la majestueuse Babylone.  Tel un écrin entouré de dunes sablonneuses, la cité était magnifique, magique, intemporelle...

Particulièrement épris l’un de l’autre, Amytis et le roi y coulaient des jours heureux. Pourtant, en dépit des efforts de son bien-aimé, la jeune reine éprouvait une tristesse lancinante. Inquiet et soucieux de son bien-être, le roi demanda conseil à la déesse Ishtar. Cette dernière lui insuffla l’idée d’ériger de somptueux jardins afin qu’Amytis puisse y retrouver la beauté des fleurs et les senteurs qu’elle aimait tant.

Ainsi naquirent les jardins suspendus de Babylone, le résultat flamboyant d’un amour éternel…

En fin de journée, Amytis se promenait souvent dans la cité lorsque les marchands l’avaient quittée.
La chaleur y était douce, l’air empli de calme et de sérénité.

Elle aimait particulièrement un petit bosquet situé non loin du temple où les senteurs d’oliban, de benjoin et de myrrhe se mêlaient à celles plus fruitées et épicées provenant des cuisines royales.

Elle s’asseyait là, respirant à pleins poumons cette fragrance gourmande, délicieusement addictive, rassurante et réconfortante. Jour après jour, son quotidien s’allégeait... Ses soucis et ses inquiétudes s’envolaient... doucement… Elle se sentait de nouveau en paix…

Ne pouvant s’en passer, elle demanda à ce que l’on reproduise cette fabuleuse senteur afin de pouvoir la respirer dans ses appartements. Elle lui donna le nom d’Anshar.

Au fond de la cité babylonienne, derrière la ziggourat, se trouvait un charmant petit palais. Réplique du palais principal, il était constitué à chacune de ses extrémités, d’escaliers de forme arrondie donnant l’impression de posséder deux bras protecteurs incroyablement sécurisants.


Amytis avait décidé d’en faire un lieu ouvert aux habitants de la cité, afin que chacun puisse y retrouver une certaine sérénité lors des moments difficiles… Un soir, totalement à bout et épuisé, appréhendant les batailles à venir, le roi décida de s’y rendre.
Après avoir traversé un porche, il poussa une lourde porte et découvrit une pièce aux couleurs chaudes, remplie d’étoffes précieuses. Plusieurs petits récipients reposant sur des braises étaient posés çà et là, remplissant la pièce d’un délicieux parfum apaisant, rassurant et réconfortant. Une légère fumée blanche, un peu cotonneuse, s’en dégageait…

Piqué par la curiosité, le roi s’approcha d’un récipient. La jolie fumée blanche se mit alors à tourbillonner autour de lui, imprégnant doucement chaque cellule de son corps. Elle absorba peu à peu ses soucis, ses angoisses, ses peurs. Elle le lava de tout son mal-être. Il ressentit alors un incroyable bien-être. Il était désormais apaisé et serein…

Ce soir-là, en quittant le palais aux bras protecteurs, le roi emporta une petite fiole de parfum afin de pouvoir se remémorer cet incroyable moment…